La représentation du Jugement dernier de l’Église de Vierge Marie à Veluće

Abstract

Le despote Dejan et son épouse Théodora avaient fait construire l’église de Vierge Marie à Veluće avant l’an 1370 et avaient fait peindre ses murs en 1370–1371. Cette église représente le mausolée familial. Elle est situé sur le terrain patrimonial que le despot avait hérité de son père despot Ivaniš. Ne pouvant pas trouver de bon maître, les fondateurs avaient engagé un atelier de peintres du littoral de l’Adriatique ou de l’arrière-pays, qui ne se distinguaient pas particulièrement par leurs qualités.Le dessin de ces peintres est très simplifié et leur technique picturale est pauvre. Les portraits bidimensionnels et les figures aux bras minces, sans volume et sans poids, en accord avec un coloris pauvre, représentent les traits spécifiques de cette technique picturale médiévale. On peut trouver les analogies proches au niveau du style, mais très éloignées dans l’espace, avec la peinture de Géorgie.Le concept idéo-théologique entier du programme pictural de Veluće est du très haut niveau, et, sans aucun doute, manifeste la spiritualité du fondateur et de l’évêque de la région. Une relation symbolique est établie entre le cycle des saints du calendrier ecclésiastique et la composition du Jugement dernier. Il est créé un lien organique avec le dogme chrétien ainsi qu’avec l’histoire familiale du fondateur. La narrativité du programme pictural transmet des messages explicites sur l’appartenance généalogique et juridique et la loyauté envers la dynastie Nemanjić.Le Jugement dernier remplit une fonction symbolique de représentation iconographique des princes et de la constitution des droits divins à travers le gouvernement des fondateurs de l’église, de leurs parents suzerains et de leurs descendants. Le symbolisme du Jugement dernier de Veluće n’est pas seulement théologique mais porte aussi une réalité historique. Le concept ménologique du narthex du mausolée familial manifeste le lien avec la mort prématurée de Oliver, le petit-enfant du fondateur et le sarment de cette branche de la dynastie de souverains. Le chemin de vertu qu’il suit, accompagné des saints, et qui le mène vers le Paradis, y est représenté d’une manière allusive. La mort d’Oliver est excellement expliquée au niveau d’idées, de symbolisme et d’art pictural par un choix ménologique des saints qui marquent les dates tragiques du décès et de l’inhumation du jeune Oliver: St. Gabriel Archange (le 13 juillet), St. Cyrique et Ste Julitte (le 15 juillet) et Ste Marie-Madeleine (le 17 juillet).Pour la premère fois dans la peinture narrative serbe de cette époque, l’art pictural du narthex de l’église à Veluće possède un programme pictural dans lequel les morts, le jeune seigneur Oliver, son oncle Jovan Dragaš et son père Konstantin, sont liés d’une manière allusive et ménologique avec les saints personnifiant les dates de l’annonce de la mort d’Oliver le 13 juillet, de sa mort le 15 juillet et de son enterrement le 17 juillet.L’exceptionnelle narrativité de la peinture de l’église de Veluće qui représente la biographie de ses fondateurs, exprime des analogies avec les monuments de Serbie du premier moitié du XVIe siècle, et avec ceux de l’époque impériale.